A l’occasion de la Semaine européenne des régions et des villes, le Comité européen des régions (CoR) vient de publier la 2e édition de son « baromètre annuel régional et local« . Cette étude dresse le constat de collectivités en mal de ressources et toujours ignorées des plans de relance. Comme l’an dernier, le baromètre 2021 relève les conséquences de la crise sanitaire sur les collectivités régionales et locales de l’Union européenne.
Une contraction budgétaire de 180 milliards d’EUR met en péril les finances régionales et locales
En 2020, les collectivités locales et régionales de toute l’Europe ont enregistré une hausse de leurs dépenses d’environ 125 milliards d’euros – en raison des mesures prises dans le cadre de la pandémie – en même temps qu’une diminution de leurs recettes de 55 milliards d’euros, due pour une large part à la baisse de l’activité économique, des rentrées fiscales, des tarifs et des redevances.
Cet «effet de ciseau» se traduit par un trou de quelque 180 milliards d’euros, correspondant à une perte de 130 milliards au niveau régional et intermédiaire, et de 50 milliards d’euros pour les municipalités.
Ce sont les collectivités territoriales de l’Allemagne qui ont été de loin les plus touchées en valeur absolue (-111 milliards), suivies de celles de l’Italie (-22,7) et de l’Espagne (-12,3). La France elle, essuie une perte de -7.2 milliards d’euros.
Les collectivités ayant essuyé les plus fortes pertes en pourcentage de leurs recettes totales sont celles de Chypre (-25 %), de la Bulgarie (-15,3 %) et du Luxembourg (-13,5 %).
La dimension territoriale de la crise sanitaire
De manière générale, le rapport indique qu’en 2020, il était plus sûr de vivre à la campagne qu’en ville. Les centres urbains sont mieux dotés sur le plan des soins de santé, mais les régions rurales ont enregistré des taux moins élevés de surmortalité et se sont mieux adaptées aux changements.
En revanche, la crise a montré combien les campagnes restaient globalement éloignées du numérique, fracture d’autant plus préoccupante compte tenu de l’essor pris par ce dernier avec la pandémie. La couverture totale des ménages en réseaux de très haute capacité y reste en moyenne moitié moins importante qu’en ville (44% dans les zones urbaines, 20% dans les zones rurales), seuls l’Allemagne, la Suède, les Pays-Bas et la Belgique parvenant à réduire cette fracture.
La mise à l’écart des régions dans la préparation des plans de relance nationaux
Le rapport indique qu’une minorité des collectivités locales et régionales en Europe ont été consultées par leurs États membres lors de la préparation des plans nationaux pour la reprise et la résilience (PNRR).
Parmi elles, seules quelques-unes ont vu leur contribution prise en compte dans le PNRR. Si l’Allemagne, la Belgique et la Pologne ont adopté une approche inclusive à l’égard des collectivités territoriales, le bilan est moins satisfaisant en Italie, en Espagne, en France et en Croatie.
Dans certains pays, l’enveloppe budgétaire globale qui est consacrée aux politiques environnementales et à la transition écologique absorbe en moyenne 41 % du budget du PNRR. Cependant, une analyse approfondie des plans nationaux montre qu’ils devraient être mieux alignés sur le pacte vert pour l’Europe, car nombre d’entre eux risquent de ne pas atteindre l’objectif de 37 % des dépenses à consacrer au climat. La consultation insuffisante des villes, qui sont l’une des forces motrices de la lutte contre le changement climatique, soulève de graves inquiétudes quant à la capacité des plans à apporter une réponse aux problèmes les plus pressants sur le terrain.
La pauvreté liée à la Covid devient une réalité
La crise a eu un impact dévastateur sur l’emploi. Les jeunes et les personnes faiblement qualifiées ont été les plus touchées. L’emploi des jeunes a enregistré un net repli en 2020. Le chômage est plus élevé de 10 points de pourcentage chez les jeunes par rapport à l’ensemble de la population.
Les personnes vivant dans la précarité, celles qui présentent un handicap ainsi que les plus âgées ont souffert d’une dégradation de leurs conditions de vie. La pandémie a rendu encore plus criantes les inégalités persistantes entre hommes et femmes, y compris sur le plan des risques professionnels.
Les élus locaux et régionaux de l’UE veulent avoir une plus grande influence sur les politiques menées
1,15 million d’Européens œuvrent au sein des conseils locaux et régionaux et qui se sont retrouvés en première ligne
face à la pandémie.
Neuf sur dix estiment qu’il est (très) important que les villes et les régions aient plus d’influence sur l’élaboration des politiques nationales.
Neuf sur dix plaident pour un accès facilité aux fonds de l’UE.
Quatre sur cinq pensent que les pouvoirs publics infranationaux doivent influer davantage sur les politiques européennes.
Sept sur dix souhaiteraient que l’UE les soutienne dans leur propre travail d’élaboration des politiques.
La semaine européenne des régions et des villes, qu’est-ce que c’est ?
La Semaine européenne des régions et des villes est la plus grande manifestation consacrée à la politique régionale organisée chaque année à Bruxelles. Elle est une plateforme de communication et de mise en réseau unique, rassemblant des régions et des villes de toute l’Europe, y compris leurs représentants politiques, leurs fonctionnaires, leurs experts et leurs universitaires. Cette manifestation s’est tenue à Bruxelles, du 11 au 14 octobre 2021. Elle est organisée par le Comité européen des régions (CdR) et la direction générale de la politique régionale et urbaine (DG REGIO) de la Commission européenne.