Je me permets de vous joindre une enquête de l’INSEE concernant les besoins en main-d’œuvre des entreprises en 2022.
Il y a deux manières de lire cette enquête : une logique économique, une vision politique.
La logique économique est assez simple : un tiers des entreprises sont aujourd’hui à la recherche de main-d’œuvre et notre pays peine à assurer la bonne adéquation entre demandeurs d’emploi et entreprises.
Pour la seule région Occitanie le nombre d’embauches envisagées sur l’année 2022 est effectivement très important.
Je suis personnellement convaincu qu’il y a aujourd’hui près d’un million d’emplois possibles dans notre pays non pourvus.
Mais à cette approche économique plutôt favorable doit être associée une vision politique.
Je suis frappé par le top 10 des métiers permanents les plus recherchés.
Si je mets à part l’activité d’infirmier qui a évolué vers un statut de cadre ce qui est en particulier le cas en matière hospitalière, tous les autres métiers les plus recherchés ne sont pas des métiers qualifiés.
Viennent en tête les aides à domicile, les aides-soignants, les apprentis, les agents d’entretien puis les serveurs de café ou de restaurant avant les ouvriers non qualifiés et enfin les employés de libre-service ou les conducteurs routiers.
Tout est dit de la crise politique de notre pays.
Tous ces métiers ont comme caractéristique d’être des métiers rémunérés entre plus ou moins 1500 € et 2000 €.
Ce sont des métiers qui historiquement ont pu donner le sentiment à nos concitoyens qui les occupaient qu’ils arrivaient progressivement à rejoindre le statut dit des « classes moyennes ».
Aujourd’hui ces emplois ont un niveau de rémunération qui conduit les intéressés à vivre très modestement de telle manière qu’ils ne se considèrent en aucun cas comme faisant partie des « classes moyennes ».
C’est cet effondrement de la perception d’appartenir aux « classes moyennes » dans notre pays qui est la cause principale de nos maux politiques, de nos contradictions, de nos conflits.
La réponse politique la plus forte aux problèmes auxquels la société française est confrontée en 2022 me semble dans notre capacité à « remuscler » ou à « renforcer » les « classes moyennes ».
Sans être discourtois avec nos concitoyens les plus en difficulté et sans aucun cynisme, je considère que le vrai sujet n’est pas tant celui des bas salaires que celui des « bas–moyens » salaires.