L’analyse de VGE sur l’Europe

Mardi 4 octobre, la « famille modérée » était réunie au Sénat autour de l’ancien Président de la République Valéry Giscard d’Estaing, venu parler d’Europe.

En ces temps difficiles pour l’Europe, minée par des défis internes (Brexit, montée des populismes, situation socio-économiques, terrorisme …) et externes (nombre de réfugiés sans précédent, …), VGE a tenu, du haut de ses 90 ans, à distiller ses messages et partager ses pensées avec son auditoire. Sa solidité intellectuelle est impressionnante et les coups de griffe cinglants même si la silhouette s’est courbée.

VGE a débuté en dressant le constat d’une Vème République qui s’est progressivement écartée de sa voie, entendre en matière d’efficacité, d’honnêteté et de préparation de l’avenir.

« Comme les grands penseurs l’expliquent depuis toujours« , il considère qu’un pays se gouverne au centre, en rassemblant sans calcul politicien et sans considérations électorales des personnes qui ont pour point commun de partager les convictions du centre, dont celle de construire une Europe forte et juste.

La négociation du « Brexit » doit être ferme et rapide

Sur le « Brexit », véritable séisme pour l’Europe, l’ancien Président prône la fermeté et considère qu’il n’y a pas matière à négociation : « Ils sont venus, ils repartent. Faisons en sorte que cela se passe de la manière la plus simple possible ».

Selon lui, ce dossier doit être réglé rapidement (dans un délai de 2 ans maximum) et devrait être négocié par le Conseil européen, donc par les gouvernements, et non par la Commission européenne, comme l’indique noir sur blanc l’article 50 du Traité de Lisbonne (ici). La Commission devrait s’en tenir à son apport d’expertise.

La négociation s’annonce très difficile mais devra être menée de manière exemplaire, dans le respect des règles de l’Europe, enfin l’accord devra être rédigé en langue française, l’anglais (2ème langue officielle de l’UE) ne pouvant par définition être utilisée pour un accord avec le Royaume-Uni.

L’éternelle opposition du Royaume-Uni à la monnaie unique tient essentiellement au fait que les financiers anglo-saxons ont toujours souhaité privilégier le dollar. 

L’Europe : « réussite historique » d’une trajectoire

Même s’il considère que l’Europe a progressivement perdu son message porteur, de mise en perspective, rappelant en particulier au message de Robert Schuman sur le thème de la paix, VGE critique le concert des lamentations sur les résultats de cette Europe qu’il estime être une réussite historique. 

Admettant volontiers que tout n’est pas parfait, VGE insiste sur la réussite historique de la trajectoire européenne, qui n’est donc pas état stationnaire comme certains se plaisent à le penser lorsqu’ils dressent un bilan de l’Europe. L’Europe est d’abord et avant tout ce que les États décident d’en faire.

L’Europe de l’après-Brexit : avoir l’ambition d’être une puissance commerciale mondiale

Le Brexit doit être saisi comme un message et une opportunité pour repartir de l’avant avec les Etats-membres qui veulent avancer au sein d’une Europe qu’il convient de faire avancer dans deux directions complémentaires. En premier lieu, faire de l’Europe une grande puissance commerciale qui compte aux côtés des États-Unis et de la Chine. En second lieu, améliorer la gestion courante des opérations commerciales.

Selon VGE, il est indispensable de fixer des objectifs, un itinéraire et un calendrier pour les atteindre.

L’itinéraire doit nécessairement passer par une harmonisation de la fiscalité (sur la base d’une fiscalité moyenne), la mise en commun des dettes confiées à un Trésor européen et un vrai respect des engagements en matière de déficits publics (ce qui vaut particulièrement pour notre pays).

En terme de calendrier, VGE a suggéré un nouveau délai de 20 ans pour terminer l’intégration européenne économique et monétaire, soit 4 mandats présidentiels ou législatifs.

L’ancien Président estime que ce nouveau cap pour une Europe rétablie et résolue à avancer devrait être l’enjeu prioritaire de la prochaine présidentielle, aux côtés de deux enjeux nationaux qui lui semblent essentiels : relancer de grands projets structurants et oeuvrer à de nouvelles relations avec les TPE-PME, « maltraitées » dans notre pays.  Comme un message aux candidats à la présidentielle..