Situation migratoire en Grèce


La situation migratoire en Grèce n’est pas un petit sujet.

La crise migratoire de 2015 et 2016 à la suite notamment de la guerre en Syrie, mais pas uniquement, a vu passer par la voie des Balkans, c’est à dire la Turquie, puis la Grèce , puis les pays de l’ex Yougoslavie, plus de 1 500 000 migrants provoquant des tensions sociales mais aussi politiques majeures dans l’Union Européenne.

Cette situation a été un traumatisme pour la Grèce. La frontière de la Grèce est aussi la frontière extérieure de l’Union Européenne.

Les îles Grecques en mer Égée peuvent se trouver à quelques kilomètres des côtes Turques à l’exemple de l’île de Chios où nous nous sommes rendus.

La Grèce a connu une deuxième crise migratoire en 2020 au cœur des tensions avec la Turquie.

Suivant une méthode maintenant bien rodée dite de guerre hybride dans laquelle les réfugiés sont utilisés de manière tout à fait épouvantable comme des armes ou des otages, chacun utilisera le mot qu’il souhaitera mais c’est la même idée, la Turquie a poussé un nombre important de migrants vers la Grèce soit par la voie terrestre le long du fleuve Evros soit par la voie maritime.

L’ile de Chios qui compte environ 50 000 habitants a dû, je vous l’ai dit, accueillir au cours des années 2019 et 2020 près de 150 000 migrants.

La situation a totalement changé  pour la dernière année: 3 000 migrants ont accédé à la Grèce.

Ce sujet est particulièrement sensible pour l’ensemble des Européens car comme évoqué plus haut, la Grèce assure une des frontières extérieures de l’Union Européenne.

Que s’est-il passé ?

Au centre de coordination internationale de l’opération dite Poséidon dans le port d’Athènes, nous avons pu voir le travail réalisé par les garde-côtes grecs ( 8000), la marine grecque mais aussi leurs moyens de surveillance aérien en complément des moyens déployés par l’Union Européenne à travers l’Agence Frontex.

Concrètement les Grecs ont mis en place une défense très ferme de leurs frontières dont les résultats sont assez radicaux comme indiqué. L’agence européenne Frontex fournit, outre des moyens humains, un accès satellitaire permettant de repérer tous les départs de bateaux depuis les côtes Turques. Un bateau garde côte s’oppose systématiquement à l’accès au territoire maritime grec jusqu’à ce que le bateau regagne la côte Turque généralement accompagné d’un navire militaire Turc.

Est-ce que cette fermeté des Grecs doit être critiquée ?

C’est le type de sujet sur lequel il faut éviter d’avoir des positions idéologiques. D’une part, les Grecs assurent une défense des frontières qui sont aussi les nôtres.

D’autre part, les Grecs reçoivent un nombre de migrants sans commune mesure avec ce que j’avais pu voir sur l’île italienne de Lampedusa en marge de la Lybie, même si les Italiens faisaient des efforts importants.

A partir du moment où la Grèce a réussi à réduire le nombre d’accès, elle se donne par contre les moyens de faire les choses correctement.

Plusieurs camps, ouverts, ont été complètement réhabilités. Celui de Chios est tout à fait correct avec un niveau de soutien dont les Grecs n’ont pas à rougir à l’exemple de l’apprentissage de la langue grecque ou de la langue anglaise au-delà de l’aspect humanitaire. Les migrants peuvent demeurer 6 mois dans ces centres.

Il faut reconnaître aux Grecs le mérite d’enregistrer chacune des personnes sur les bornes dites Eurodac de façon à les identifier, quel que soit l’endroit où elles se trouveront ultérieurement dans l’Union Européenne.

Cela a pour conséquence que la demande d’asile doit être effectuée en Grèce (système dit de Dublin). C’est la raison qui a conduit pendant longtemps l’Italie à ne pas faire d’enregistrement Eurodac pour ne pas porter la responsabilité des demandes d’asile.

Les 150 000 réfugiés accueillis sur l’île de Chios en 2019 -2020 ont été transférés sur l’ensemble du territoire Hellénique permettant à la fois le fonctionnement correct des centres ainsi qu’une forme d’acceptabilité pour les populations.

Pour illustrer ce petit compte-rendu, je vous propose ci-joint une photographie d’une carte établie par l’institution dédiée par les Nations Unies au sujet migratoire.

Le paradoxe est terrible.

La Grèce a aujourd’hui une politique qui peut être considérée comme très ferme en matière migratoire mais sur la période récente 27 personnes, c’est bien sûr trop, ont perdu la vie en tentant de franchir la Méditerranée orientale.


En Méditerranée occidentale, ce sont 314 décès qui sont à dénombrer au cours de tentatives entre le Maroc et l’Espagne.

C’est en Méditerranée centrale avec les départs depuis la Libye, de la Tunisie et un peu d’Egypte que le drame est le plus lourd avec 1236 morts.
Mais c’est aussi le secteur où le nombre de personnes poussées en dehors des eaux territoriales, par exemple Lybiennes avec un appel lancé aux bateaux des O.N.G. pour les récupérer dans les eaux internationales, est le plus important.

Cela signifie que c’est dans les zones où les actions partant des meilleurs sentiments sont menées que nous avons les résultats les plus catastrophiques.

Les réalités se plient assez peu aux bons sentiments : plus exactement les passeurs savent utiliser les zones qu’ils estiment faibles, avec pour résultat des drames humains  plus nombreux.

Ces sujets ne se voient ni en noir, ni en blanc.