« Former une commune nouvelle, c’est une façon d’être acteur de notre avenir »

Jean-Luc Cantaloube : « Former une commune nouvelle, c’est être acteur de notre avenir »

Suite à une délibération du 22 novembre, les communes de Ronel, Roumégoux, Saint-Antonin-de-Lacalm, Saint-Lieux-Lafenasse, Terre-Clapier et Le Travet ne feront plus qu’une au 1er janvier 2019 : la commune nouvelle de Terre-de-Bancalié, un nouvel ensemble regroupant 1 800 habitants.

Jean-Luc Cantaloube, Maire de Saint-Antonin –de-Lacalm et Président de la Communauté de Communes du centre Tarn a accepté de répondre à mes questions pour nous faire part du chemin parcouru et des perspectives de la commune nouvelle.

Le projet de regroupement a été présenté en réunion extraordinaire aux membres du conseil municipal de chaque commune et a été approuvé à l’unanimité des 63 élus présents. Le préfet du Tarn doit à présent prendre un arrêté de création pour le 1er janvier 2019. C’est la concrétisation d’un projet ancien ?

A l’origine, une réflexion avait été initiée à l’échelle de la communauté de communes, il y a trois ans au moment du redécoupage des intercommunalités du département. Il y avait l’idée de faire évoluer la communauté de communes de Centre Tarn en commune nouvelle de façon à exister dans un périmètre plus large pour se rapprocher de l’agglomération albigeoise. Nous avons travaillé pendant quelques mois sur ce projet avec 16 communes mais il n’a pas abouti.

Nous l’avons relancé il y a quelques mois avec les six communes actuelles, sur la base du volontariat. Ce sont des communes proches et qui ont l’habitude de travailler ensemble, à travers le syndicat intercommunal. Cela a facilité les échanges.

 

Quelles étaient les motivations pour créer une commune nouvelle ?

Nos petits villages ont peu de moyens, c’est une réalité. Au fil du temps, nos marges de manœuvre sont de plus en plus limitées. Il y a de plus en plus de contraintes et de difficultés, sans parler des baisses de dotations.  Il y avait donc une vraie volonté de mutualiser les moyens financiers et humains de nos communes. Soit on gardait la tête dans le sable, soit on trouvait une solution pour faire vivre nos territoires et maintenir les services. Nous avons choisi d’être dans l’action.

 

En amont de la création, comment avez-vous informé et associé la population ?

Nous avons fait de la pédagogie. Nous avons pris le soin d’adresser un bulletin spécial à l’ensemble des habitants de nos communes, explicitant sous forme de questions/réponses, le choix de la commune nouvelle, l’intérêt de la structure et l’incidence pour les habitants.

Ce document très simple a été très apprécié et nous avons invité les habitants à des réunions publiques dans chaque commune pour permettre un échange avec les élus ou répondre aux questions éventuelles.

 

Avez-vous été aidés par d’autres communes ayant fusionné en une commune nouvelle ?

Absolument. Nous sommes partis à la rencontre de la commune nouvelle d’Argences en Aubrac, créée il y a 3 ans dans l’Aveyron. Echanger avec les élus en amont était primordial. Nous nous sommes inspirés d’un ensemble proche de celui que nous visions : c’est-à-dire un regroupement de 6 communes qui avait le même niveau de population que le nôtre.

Nous avons toujours gardé des liens avec Argences sur Aubrac. Cette semaine justement, la direction de la commune nouvelle vient rencontrer nos équipes municipales pour nous faire partager son expérience sur le plan administratif et la répartition des compétences.

Sur ces questions techniques, nous avons aussi travaillé étroitement avec les services de la préfecture et la DGFIP.

 

Quels bénéfices concrets pensez-vous retirer du changement d’échelle et de la mutualisation des moyens entre vos six communes historiques ?

Ils sont nombreux ! Sur le plan administratif, on s’oriente vers une meilleure répartition des compétences de nos agents au bénéfice de la collectivité. Chacune de nos communes dispose par exemple de secrétaires de mairie à temps partiel, qui doivent être très polyvalentes et jongler entre les dossiers. Avec la commune nouvelle, une forme de spécialisation en fonction des compétences de chacun est possible.

Sur le plan financier, il s’agit de constituer une masse qui nous donne une marge de manœuvre pour pouvoir conduire des projets de plus grande envergure. Par ailleurs, se constituer en commune nouvelle nous assure le maintien des dotations pendant 3 ans et un bonus de 5 % de la DGF. La DETR qui permet d’accompagner les projets portés par les communes nouvelles sera valorisée.

Enfin, et c’est là un très grand bénéfice, il y a une excellente dynamique de projet pour nos équipes et les associations du territoire.

 

La création d’une commune nouvelle est synonyme de projets à venir. Quels sont les vôtres ?

Le travail commence aujourd’hui ! On se donne l’année 2019 pour associer l’ensemble de nos conseils municipaux et les habitants volontaires pour définir ensemble un projet de territoires. Nous croyons qu’il est important d’élaborer un document qui permette de conduire une action réfléchie et partagée.

 

Est-ce que vous conseilleriez aux collègues d’envisager de former une commune nouvelle ?

D’abord, il faut le redire, c’est une démarche qui relève du volontariat. Constituer une commune nouvelle c’est du travail mais c’est tout à fait faisable. Nous sommes persuadés que c’est une façon d’être acteur de notre avenir.

Au 1er janvier 2018, on comptait en France 560 communes nouvelles, regroupant près de 1 900 communes et 1,9 million d’habitants.