Étude du niveau de vie des communes Tarnaises

Le Professeur Patrice Roussel (Université de Toulouse-Capitole)  a étudié le niveau de vie en Occitanie et en particulier, pour toutes les communes de notre département. Cette étude est passionnante, vous donnera des informations utiles.

Je vous propose de lire l’interview du professeur Roussel, son étude, les deux cartes synthétiques qu’il a établi pour le Tarn.

Cette analyse est fondée sur les données INSEE parues en janvier 2021.

Cette étude est accessible ici et vous donne les éléments pour votre commune.

Le Professeur Roussel a également établi 2 cartes de synthèse que vous trouverez ici :

Attachant beaucoup d’importance à l’appareil statistique dans la décision publique et préoccupé par le niveau de pauvreté dans notre société, j’ai rencontré le professeur Roussel qui a par ailleurs des attaches tarnaises et qui s’est plié à une petite interview, avec des réponses volontairement « cash ».

Je crois aussi important pour chaque commune de connaître la situation de ses habitants et les  écarts éventuels en plus ou en moins par rapport à la moyenne.

Monsieur le Professeur, très concrètement quelle est l’utilité des données de cette étude ?

Ces données permettent de localiser les communes, les villes, les quartiers qui rencontrent des difficultés sociales que les élus connaissent bien. Cela permet d’en mesurer l’ampleur et de confirmer ou d’identifier les territoires qui nécessitent d’être davantage soutenus économiquement et socialement.

Votre étude concerne–t-elle uniquement le département du Tarn ?

Cette étude couvre en réalité l’ensemble des départements d’Occitanie. Elle permet de localiser les communes et les villes où la situation est favorable, voire nettement favorable en terme de niveau de vie.

Elle montre très clairement à l’échelle régionale et de tous les départements d’Occitanie que les communes rurales prospères sont toutes situées soit sur des axes routiers majeurs soit sur des terroirs où l’activité économique génère de la valeur ajoutée relative.

Revenons au Tarn, quels sont les secteurs les plus touchés par la pauvreté ?

Il y a une concentration de pauvreté générale en France dans les zones urbaines et en particulier dans les villes moyennes qui sont amenées à être en première ligne Tarnaise dans ce combat contre la pauvreté, mais ceci se trouve accentué lorsqu’il y a le deuxième phénomène qui vient se rajouter avec la désindustrialisation des années 70-80.

Ceci pose bien sûr la question du rebond de ces secteurs et de la priorisation de ces territoires dans les politiques publiques.

Le deuxième secteur le plus en difficulté dans le Tarn est le rural profond, c’est-à-dire les zones qui sont le plus à l’écart des infrastructures routières, des agglomérations et des villes moyennes et qui n’ont pas dans leur tissu d’ancrage économique.

Il y a cependant deux grandes exceptions avec d’une part le Gaillacois-Cordais et des niveaux de revenus élevés notamment dans le secteur viticole, et, d’autre part les Monts de Lacaune avec le cumul des activités économiques depuis l’agroalimentaire aux carrières en passant par l’eau, l’énergie hydraulique, les éoliennes, le tourisme ou encore le bois.

Peut-on Monsieur le Professeur à ce stade de notre conversation considérer que vos travaux fournissent une part d’explication au mouvement des gilets jaunes  à travers votre objectivation des niveaux de revenus inférieurs des personnes se trouvant en situation rurale éloignées des lieux économiques, des infrastructures ou des agglomérations ?

Effectivement, la proximité par exemple de la Haute-Garonne a des effets géographiques et également des effets d’infrastructures. Parmi ces effets géographiques, on constate très clairement un haut niveau de revenus dans les secteurs de la vallée du Girou ou de la vallée de l’Agout et le long de la vallée du Tarn jusqu’aux portes d’Albi. Les effets d’infrastructures avec des niveaux de revenus qui sont plus hauts d’une part sur l’axe Toulouse-Castres et d’autre part sur l’axe Toulouse-Albi sont réels.

Dans le cas de l’axe Toulouse-Castres,  cela est lié aussi au rôle du Laboratoire Fabre puisqu’il y a une interconnexion dans les revenus entre ceux liés à la métropole Toulousaine et ceux liés au Laboratoire Fabre sur les secteurs géographiques de Castres et de Lavaur. Autrement dit, investir dans les infrastructures routières n’est pas obsolète. Il est toujours intéressant de développer les infrastructures routières qui non seulement jouent sur la mobilité mais aussi sur les revenus des populations avoisinantes.

Si l’on se projette vers les années 2030, 2040 périodes pour lesquelles on dit que les mobilités seront décarbonnées, comment évaluez-vous la ruralité tarnaise ?

Si demain, on doit se déplacer à partir de l’énergie électrique ou à partir de moteurs à hydrogène, il n’y a plus de problème sociétal ou environnemental à le fairer pour son travail ou encore à habiter à la campagne même si l’on travaille dans une ville moyenne ou dans la métropole. Il y a donc toute une argumentation à développer sur le fait que la ruralité tarnaise est d’ores-et-déjà moderne mais le sera encore plus demain lorsque les mobilités seront dites décarbonnées.

Autrement dit vous considérez qu’il y a des enjeux d’infrastructures ?

Il y a bien entendu l’axe Castres-Toulouse et il me semble indispensable que cet axe aille jusqu’à Mazamet et si possible jusqu’à Saint-Pons.
Il y a bien sûr l’axe traditionnel Toulouse-Albi-Rodez depuis Lyon mais aussi toutes les logiques qui conduiraient à la gare de TGV prévue à  Bressoles  à côté de Montauban avec les enjeux pour la vallée de la Vère ou la vallée du Tescou.

Je prendrais pour exemple la force des axes créés entre Toulouse et le Gers autour de la sous-traitance aéronautique et l’appui du développement de la fibre optique, la dimension logistique entre Toulouse, Castelnau-d’Estrétefonds, Bressoles et Montauban ainsi que l’axe industriel qui s’est créé entre Toulouse et la basse Ariège.
Cette force économique générée autour de ces axes pourrait également être significative sur les axes qui vont vers Castres et Mazamet, vers Albi et Carmaux.

Est-ce que vous pensez Professeur qu’une population nouvelle pourrait venir s’installer dans le Tarn à la suite de l’amélioration de ces axes ?

Je crois qu’une nouvelle population dite population nomade peut s’installer dans les zones rurales sous réserve de disposer de la fibre dans des logiques de digitalisation de la société.
Cela ne concerne naturellement pas tout le salariat mais une partie du salariat et celle-ci est intéressante économiquement.

Pourrait-on espérer un développement des activités industrielles dans le Tarn ?

Oui à condition que les agglomérations s’organisent  pour accueillir les activités tertiaires et au même niveau  les activités industrielles. Je suis frappé par l’erreur de la périphérie Toulousaine  qu’il convient de ne pas répéter.
En effet, l’exemple de territoires qui de ronds-points en coussins Berlinois et autres écluses finissent par gêner les déplacements, y compris les déplacements pour les transports collectifs,  peut conduire à repousser l’activité industrielle en dehors des métropoles ou des zones fortement agglomérées.
Cela peut être une chance pour le Tarn à condition de ne pas répéter les mêmes difficultés constatées dans les zones résidentielles Toulousaines.

En savoir plus sur Philippe Bonnecarrère, Député du Tarn

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture