Tauriac, la commune où il fait bon vieillir

C’est une maison au cœur du village dans laquelle il fait bon vieillir. Depuis 2011, la maison partagée de Tauriac accueille 8 résidents qui cohabitent, s’entraident, jardinent ensemble, font du yoga à domicile, tout en conservant chacun leur intimité.

A l’heure où de nombreuses personnes âgées connaissent de plus en plus de difficultés ou affrontent la précarité financière et parfois sociale, la maison partagée de Tauriac a tous les atouts pour inspirer d’autres communes. Elle a d’ailleurs très récemment été mise à l’honneur dans un reportage de sur France 2.

Ce mois-ci, j’ai souhaité donner la parole à Marie Granel, la maire de Tauriac, qui a porté le projet de la maison partagé dans son précédent mandat de conseillère municipale avec son prédécesseur Michel Buffel et qui planche désormais sur le prochain projet de la commune : une maison intergénérationnelle. Rencontre avec une élue qui cultive et décline les valeurs de solidarité d’action sociale.

Avant tout, en cette période de crise sanitaire, comment se portent les résidents de la maison partagée de Tauriac ? Comment traversent-ils cette difficile période qui nous impose la distanciation sociale ?

C’est une chance, aucun résident n’a pour l’instant été atteint par le virus ! Par contre, tous souffrent d’un réel sentiment d’isolement. Comme beaucoup de personnes âgées ou seules, les échanges leur manquent. Chorale, parties de carte, visite ou accueil de club de retraités…  toutes les activités ou presque sont annulées. Seul le professeur de yoga continue à venir au sein de la maison partagée pour offrir un peu de bien-être aux résidents. 

Alors revenons aux fondamentaux. Qu’est-ce qu’une maison partagée ? Comment s’organise la vie dans un tel lieu ?

La maison partagée est un habitat alternatif pour personnes âgées fragilisées.  La maison accueille 8 résidents répartis en deux habitations composées chacune de 4 chambres de 20 mètres carrés avec toilettes et salle d’eau, regroupées autour d’une grande pièce commune très spacieuse (salon, cuisine et salle à manger).

La vie en commun est facilitée par la présence d’une gouvernante présente pendant la journée qui prépare les repas et prend en compte les besoins de chacun.

C’est un lieu qui n’est pas médicalisé, donc les résidents doivent être autonomes pour venir y vivre. Si leur situation se dégrade, ils sont orientés vers d’autres établissements spécialisés.  

Pour un résident, le coût s’élève à environ 1200 € par mois tout compris (nourriture, chauffage, eau, électricité, chambre meublée, blanchissage).

Venir vivre dans une maison partagée ne doit pas être un choix forcé. Il faut être motivé par une véritable envie de vivre en compagnie d’autres personnes mais hors du contexte d’un établissement spécialisé.

La liberté est une valeur essentielle de l’association «Âges sans frontières» à qui revient la gestion de la maison partagée. Ici, les résidents peuvent jardiner par exemple. Ils ont d’ailleurs décidé de créer un potager.

La maison partagée est donc gérée par une association ?

Absolument. L’association « Ages sans frontières » en assure la gestion. Cette association est gestionnaire d’établissements médico-sociaux tels que des EHPAD, des foyers de vie pour personnes handicapées vieillissantes et des maisons partagées.

Elle est le fruit d’une fusion de 5 associations tarnaises qui ont fait le choix de se retrouver autour d’un projet commun. Elle gère trois autres maisons partagées au sein de notre département : Touscayrats, Montredon-Labessonnié et Brens.

C’est donc un projet à forte vocation sociale que votre commune a mis en place !

Tauriac est une commune rurale. Nous avons beaucoup d’agriculteurs et leurs retraites sont souvent maigres, leurs habitations isolées. Mettez cela en perspective avec le coût élevé des maisons de retraite… L’isolement, la solitude, la précarité, ne sont malheureusement pas de simples concepts.

L’ancien maire, M. Michel Buffel était très sensible à ces problèmes. C’est sous son mandat que nous avons commencé à réfléchir pour implanter un habitat qui réponde à ces problématiques. C’est ainsi que le projet a été impulsé. A l’époque le conseil municipal l’a bien sûr soutenu à l’unanimité et il a bien fallu un mandat complet pour qu’il se mettre en place.

Sur les aspects très concrets, notre principal souci était l’incertitude concernant la TVA. On ne savait pas si on allait pouvoir la récupérer. Et c’est finalement l’association qui a formellement pris en main le projet avec l’aide du département et de la CARSAT.

La MSA a aussi proposé à la commune un prêt à taux zéro que nous avons accepté pour financer la construction du chemin, le raccordement à l’eau, l’électricité et au téléphone.

Nous avons conclu un bail emphytéotique pour la location du terrain, à hauteur de 399 euros par an.

Quelle est l’ambiance au sein de cette maison partagée ?

Je dirai qu’il règne une véritable ambiance fraternelle au sein de la maison, malgré les caractères de chacun. Certes, l’entente peut être compliquée Mais une vraie entraide s’est créée entre eux et la volonté de vivre ensemble.

Je dirai même que l’existence de la maison a créé une nouvelle dynamique au sein de la commune. De nouveaux liens se sont tissés. Les résidents de la maison organisent par exemple un repas estival annuel, une galette des rois et cela amène de la vie dans notre village.

La maison partagée a vu le jour en 2011. Avez-vous d’autres projets pour le futur ?

Nous réfléchissons à présent à bâtir une maison intergénérationnelle. L’idée est de faire cohabiter ensemble plusieurs générations, au sein d’une maison qui pourrait accueillir une dizaine de résidents.

Mais ce projet n’est qu’à un stade embryonnaire. Pour le moment, nous avons identifié un terrain communal de 9000 mètres carrés qui pourrait accueillir le projet et nous sommes dans une phase de prospection. Nous sommes allés visiter des maisons intergénérationnelles à Pujols, dans le Lot et Garonne et prochainement nous nous rendront à Montcuq dans le Lot. Pour nous, c’est essentiel de nous rendre sur place, pour voir comment cela fonctionne concrètement au quotidien et échanger avec les élus en charge du projet.

Nous avons aussi pris contact avec des investisseurs sociaux avec qui nous pourrions éventuellement établir un partenariat pour le montage et la gestion du projet.

Comment vous est venu cette idée ?

La mairie reçoit régulièrement des demandes ponctuelles pour des logements sociaux, à petits loyers. Elles proviennent en général de familles monoparentales, de jeunes seuls ou de personnes seules dont le ou la conjoint (e) vient de partir. Ces personnes, malgré leur différence d’âge font face aux mêmes difficultés et à la contrainte de devoir gérer un budget resserré.  A Tauriac, nous nous sommes interrogés : Ces personnes isolées ne seraient-elles pas mieux dans une maison vivante ?

Aujourd’hui, de plus en plus de familles sont éclatées. Les enfants habitent souvent loin et les personnes âgées deviennent vite isolées. Alors qu’à la campagne nous sommes habitués à la solidarité intergénérationnelle, à ce que les parents, une fois âgés vivent sous le même toit que leurs enfants. Je suis moi-même agricultrice et dans le monde agricole, la solidarité existe. L’idée est de pouvoir la déployer pour soutenir les habitants qui pourraient en avoir besoin.

Vous êtes disponible pour répondre aux questions d’autres élus du département qui souhaiteraient en savoir plus et obtenir vos conseils pour installer une telle maison sur leur territoire ?

Bien sûr ! La solidarité est dans l’ADN de notre commune !

Contacts :

Mairie de Tauriac : 05.63.40.55.22.

Association «Âges sans frontières» : 05.63.33. 55.88 ou www.agessansfrontieres.fr.

En savoir plus sur Philippe Bonnecarrère, Député du Tarn

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