Mes grandes réserves à l’égard d’une application de « tracing »

L’idée de mettre en œuvre une application de tracing dans le cadre de la lutte contre le COVID 19 est soutenue par une partie du Gouvernement et par de nombreux épidémiologistes.

Je vous présente plus loin ce que pourrait être pour ses promoteurs une telle application et vous indique comment se positionnent  les autres pays européens. Le tracing est une méthode développée au départ par les pays asiatiques ( j’écarte par avance le tracking qui gélocaliserait chacun d’entre nous en continu ! )

Je suis extrêmement réservé sur une telle modalité, même dans le cadre du volontariat, même à titre temporaire et avec des dispositions d’anonymisation.

Les raisons de mes vives réserves sont les suivantes :

  • Nous ouvrons une boite de Pandore. Si nous commençons à nous accoutumer à des formes de surveillance ou de traçage électronique nous n’allons plus nous en sortir dans l’avenir avec au besoin d’autres motifs de maintenir un système comparable.
  • Il me parait illusoire d’avoir sur nos mobiles une application de suivi, en mesure d’enregistrer même sous forme anonymisée les personnes avec lesquelles nous sommes en contact sans à un moment donné verser ces éléments dans un serveur central si l’on veut pouvoir croiser les données et avertir les contacts éventuels d’une personne qui se révèle atteinte du virus. Quelle confiance, quelles que soient les promesses, dans un système qui repose sur un serveur central?  Les «  experts «  se divisent entre tenants d’une architecture dite centralisée et à l’inverse décentralisée.
  • Je crois d’autant moins à la confidentialité des données que pour rendre utilisable une telle application pour des mobiles pour l’essentiel au standard Android de Google ou fournis par Apple, un accord est nécessaire avec ces sociétés pour permettre une sorte de convertibilité. Je doute que ces sociétés renoncent dans un tel cadre à ce qui est leur cœur de métier à savoir recueillir des données.
  • L’application identifierait nos contacts par Bluetooth, or le Bluetooth ne sait pas détecter si la personne prétendument en contact n’est pas derrière une paroi de verre ou une cloison, si je parle avec un masque ou pas. Il faudrait aussi imaginer qu’ un large pourcentage de personnes télécharge cette application pour avoir un seuil critique et une efficacité.
  • Accessoirement, les expériences numériques de notre pays font débat, à l’image des défaillances du logiciel Louvois pour la paie des militaires,  de celui de l’éducation nationale pour la gestion des carrières des enseignants ou encore les difficultés quotidiennes des systèmes informatiques du ministère de la Justice.
  • Au risque d’être un peu excessif, je crains qu’une telle application ne soit une manière de trouver une solution par défaut,  par rapport à la difficulté de notre pays à tester à une échelle aussi large que nécessaire et au moins pour la période récente à fournir en quantité suffisante les masques.

 

J’admets bien volontiers que cette position peut prêter à discussion et que d’autres personnes puissent  penser que dans la logique « évitons au maximum la dispersion de l’épidémie », des mesures même attentatoires  à des libertés individuelles puissent être envisagées.