Moins de publicité dans les programmes « jeunesse »

Mercredi 7 décembre 2016, le Sénat a définitivement adopté, en deuxième lecture et à l’unanimité, une proposition de loi visant à supprimer la publicité commerciale dans les programmes jeunesse de la télévision publique.

Notre pays, avec 8,3 millions de jeunes âgés de 4 à 14 ans, est le principal marché « enfants » en Europe pour les annonceurs publicitaires à la télévision, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Comme l’indique son intitulé, l’objet de ce texte est d’interdire, à compter du 1er janvier 2018, toute publicité sur l’ensemble des chaînes publiques un quart d’heure avant, pendant et un quart d’heure après les programmes jeunesse destinés aux enfants de moins de 12 ans. Cette interdiction est étendue aux sites Internet et à tout support multimédia qui en reprennent les chaînes et les programmes.

Les associations qui portent depuis longtemps ce sujet considèrent que l’enjeu a plusieurs facettes. Il s’agit à la fois :

  • d’une question de santé publique, un lien étant opéré entre les boissons et produits alimentaires sucrés promus à l’écran et la question de l’obésité infantile ;
  • de maintenir les enfants à distance des sirènes du consumérisme : la crédulité liée à leur âge les expose plus fortement aux milliers de signaux publicitaires, avec les répercussions (documentées scientifiquement) que cela engendre sur les demandes formulées aux parents et la « dépendance aux marques » ;
  • de ne pas nourrir certaines « tensions » familiales nées de la frustration, bien réelle, d’enfants surexposés à la publicité et à qui les parents ne peuvent offrir l’abondance des produits pour lesquels ils auront été stimulés.

La perte publicitaire induite par cette mesure, évaluée entre 13,5 et 20 millions d’euros, semble faible au regard des 2 milliards d’euros de recettes publicitaires générées chaque année. D’autant qu’il ne me semble pas pertinent de raisonner uniquement en terme budgétaire sur un tel sujet !

Notre pays n’est pas le premier à légiférer sur ce sujet. La publicité est interdite dans les programmes jeunesse de la télévision publique en Espagne et en Grande-Bretagne, fortement limitée en Norvège et en Finlande

Bien entendu, nous pourrons toujours débattre du fait qu’une partie du chemin reste à parcourir, à savoir étendre cette interdiction aux programmes jeunesses des chaînes privées. Comme bien souvent, il est nécessaire de partir d’une mesure à la portée équilibrée mais dont les objectifs sont assez largement partagés (protection des enfants, exemplarité du service public audiovisuel) avant d’envisager une extension ultérieure.

Si vous le souhaitez, je vous invite à retrouver ici le dossier législatif de ce texte sur le site du Sénat.

En savoir plus sur Philippe Bonnecarrère, Député du Tarn

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading