Nous avons eu un espoir majeur avec l’accord signé à Bougival le 12 juillet dernier.
Cet accord n’est plus puisque le FLNKS a retiré la signature de ses représentants, et en particulier celle symbolique, d’Emmanuel Tjibaou.
Le calendrier de l’accord de Bougival était assez clair : report des élections provinciales prévues ce mois de novembre en juin 2026, entre-temps, intégration de l’accord de Bougival dans notre Constitution, avec dégel du corps électoral permettant à tous ceux qui sont en Nouvelle-Calédonie depuis 15 ans au moins de participer au scrutin.
Après adoption de cette révision constitutionnelle, celle-ci aurait été soumise aux habitants de la Nouvelle-Calédonie, et non à l’ensemble des Français, et dans la logique de l’approbation des accords de Bougival, les élections provinciales pouvaient enfin se dérouler.
Nous avons été obligés de voter la loi organique portant report des élections au mois de juin 2026, tout simplement parce que personne n’était en mesure d’organiser les élections en ce mois de novembre.
D’une part les pouvoirs publics n’étaient pas prêts.
D’autre part, les partis politiques de Nouvelle-Calédonie ne l’étaient pas plus. C’est la raison du report malgré l’opposition du FLNKS.
Je trouve également assez logique que compte tenu du fait que nous étions arrivés très près d’un accord à Bougival, il convient de laisser le temps aux nombreux partis de Nouvelle-Calédonie de trouver leurs accords.
L’expérience montre que les choses prennent beaucoup de temps en Nouvelle-Calédonie, et que si accord il y a, il ne peut être que global.
Il faut aussi que les gens prennent la responsabilité de signer des accords ce qui n’a malheureusement pas été le cas à Bougival.
La Nouvelle-Calédonie a connu 40 ans de paix à la suite de la poignée de main entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur.
Qui prendra la responsabilité de cette poignée de main en 2025 ? Nul n’a oublié que Jean-Marie Tjibaou et Yéiwene Yéiwene ont été ensuite assassinés. Mon inquiétude vient du fait que je crains qu’il n’y ait toujours pas d’accord au mois de juin, et je vois mal comment on pourrait envisager un quatrième report. Je vois encore moins comment une révision constitutionnelle aurait pu intervenir dans ce délai.
Je crois malheureusement que notre pays sera amené un jour à devoir prendre une décision difficile : soit laisser le processus d’indépendance ou de décolonisation se dérouler, soit reprendre les choses en main, ce qui supposerait économiquement, socialement, et en termes d’ordre public, des efforts considérables.
Tout ceci pourrait être jouable, si nous n’avions pas, en sous-main, le travail de sape de la Chine, qui souhaiterait faire avec la Nouvelle-Calédonie, ce qu’elle a fait avec les îles Cook ou Salomon.
Je suis également convaincu qu’à travers le groupe de Bakou, la Russie a vu en Nouvelle-Calédonie, un point faible pour notre pays et un moyen de faire pression sur nous pour affaiblir notre position de soutien à l’Ukraine. La Nouvelle-Calédonie peut paraître aux antipodes, mais elle est pourtant un sujet majeur.
Au risque d’être, pour une fois, un peu caricatural, je crois que notre pays est une puissance moyenne sans ses outre-mer, et qu’elle est une vraie puissance avec ses Outre-mer et la zone économique exclusive qui va avec.
