Le Parlement a débattu de la défense et a validé l’action actuelle de notre pays.
La défense appelle de ma part, au-delà d’un soutien inconditionnel à nos armées et à nos militaires, trois observations :
1. Il n’est pas de défense sans patriotisme ;
2. Les non-dits et ambiguïtés de nos radicalités ont été fascinants à suivre durant ce débat ;
3. Le contenu technique, militaire, de notre défense fait par contre consensus ainsi que son budget.
1. Il n’est pas de défense sans patriotisme
La défense est l’affaire de tous et la relation à la Nation n’est pas qu’une question d’économie ou d’argent, que nous fassions référence au Général de Gaulle et « à une certaine idée de la France » ou à une citation que l’on prête tantôt à Fernand Braudel ou à Marc Bloch mais qui reflète bien la pensée des deux « Aimer la France comme un tout, avec ses vertus et ses défauts, le Sacre du roi à Reims et la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 ».
Il ne peut pas y avoir d’engagement durable de nos Armées, sans le soutien de nos concitoyens.
Je comprends que notre chef d’état-major des armées ait rappelé à tous les Français qu’une guerre, surtout de haute intensité, ne pourrait pas être une guerre à zéro mort comme d’autres ont pu l’imaginer en Irak.
Je crois beaucoup au service national volontaire dont j’ai essayé d’assurer la promotion depuis plusieurs années.
Il ne s’agit pas de réanimer l’ancien service militaire. L’idée serait de former 10 000 à 15 000 volontaires par an qui nous aideraient à structurer l’unité nationale et à valoriser pour eux une année de césure avant de reprendre leur parcours universitaire ou professionnel.
Ceci fonctionne bien dans les pays scandinaves.
Je veux espérer qu’il reste assez de patriotisme dans notre pays pour que faire un service militaire de manière volontaire ne soit pas considéré comme un métier mais bien comme un devoir que l’on doit à soi-même ou à son pays.
Au risque d’être un peu excessif, être patriote, c’est d’abord être fier de son pays et non pas le critiquer matin, midi et soir comme je l’entends trop souvent.
2. Les non-dits et ambiguïtés
J’ai écouté l’orateur LFI au perchoir. Pour lui, les choses sont très simples : notre pays dispose d’une dissuasion nucléaire, personne n’a vocation à lui « chercher noise » et il n’est pas nécessaire de faire d’efforts supplémentaires de défense.
En écoutant ce propos, je constatais que la brutalisation du monde n’existait pas, qu’il n’y avait pas plus d’empire prédateur et que personne ne voyait dans le groupe de Monsieur Mélenchon un risque lié à des rapports de force désinhibés.
Encore plus fascinante a été l’intervention de Madame Le Pen. Le Rassemblement National montrait toute l’importance qu’il accordait au sujet de la défense en faisant intervenir sa présidente à la tribune. Son propos a porté exclusivement sur le risque pour notre pays à voir Bruxelles se préoccuper de défense.
Le danger principal pour la France est à Bruxelles qui voudrait enlever à la France sa souveraineté.
Accessoirement, j’observe que nul n’a parlé d’armée européenne, la mise en commun de nos moyens de production dans le cadre d’une base industrielle de défense étant un tout autre sujet. Si l’on produit plus d’armement de la même catégorie à coût moindre, nous avons quelques chances d’être plus efficace.
Pour Madame Le Pen, il n’y a aucun sujet dans nos relations avec les États-Unis. Monsieur Trump, dont on quémandait l’invitation pour son intronisation, n’est en rien un trouble pour l’Europe et ne manifeste lui non plus, pas plus de tendance prédatrice !
Le plus extraordinaire aura été que ni la Russie, ni l’Ukraine ne soient citées par elle : il n’y a pas de guerre en Ukraine !
La guerre du Donbass en 2011, l’invasion de la Crimée en 2014 et le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine en 2022 n’ont certainement jamais existé !
Il est des photographies aux côtés de Vladimir Poutine qu’aucun d’entre nous ne peut oublier.
La formule maintenant devenue classique « eux, on ne les a jamais essayés » montre là toute sa faiblesse.
Tout ceci n’est pas neutre et ne sont pas les plus patriotes ceux qui en font régulièrement l’étalage dans les tribunes.
3. Le contenu technique, militaire, de notre défense :
Il fait très clairement consensus. Je n’ai pas entendu de contestation du nécessaire équilibre entre masse (le nombre de nos soldats) et la technologie. Chacun comprend qu’il faut à la fois disposer de matériel moins coûteux, moins sophistiqués mais en très grand nombre à côté de systèmes complexes, très technologiques.
Nous avons besoin autant d’hommes que d’argent. Chacun peut ensuite avoir son point de vue sur le fait de savoir s’il faut plutôt faire un effort sur les munitions, les drones, la défense surface-air, l’achat de radars et de brouilleurs, le spatial militaire, notre marine pour préserver notre souveraineté sur les outre-mers …
Le caractère exceptionnel de la menace tient à sa diversité : « On peut être défait sans être envahi ». La vulnérabilité de nos sociétés n’est pas simplement sur une ligne de front ou un champ de bataille, la vulnérabilité peut être sur nos routes maritimes, sur les câbles internet au fond des océans, au niveau des systèmes informatiques gérant les vols dans nos aéroports ou assurant le fonctionnement de nos hôpitaux ou encore nos terminaux bancaires. Les risques sont hybrides et la Russie a une large pratique de ces menaces diversifiées à l’exemple des vols de drones sur nos installations militaires, des cyberattaques ou encore des fausses informations, voire opérations de déstabilisation à l’exemple des mains rouges sur des synagogues ou des projections de têtes de cochon sur les mosquées ou encore la photographie de faux cercueils à côté de la Tour Eiffel…
L’accord quasi-total sur la remontée en puissance de nos Armées éclaire le futur débat sur le budget, le PLF.
Si nous n’arrivons pas à adopter un budget, nous aurons le vote d’une loi de finances spéciale juste avant la fin de l’année avec maintien des dépenses et des recettes de 2025.
Or, notre défense devait bénéficier de 3,5 milliards d’euros dans le cadre de la loi de programmation militaire et d’un effort exceptionnel toujours sur 2026 du même montant.
Si nous n’avons pas de budget, nos armées n’auront pas ces 7 milliards.
C’est une partie de notre responsabilité dans les jours à venir.
