La question du logement est un exemple parfait de ce que je qualifie d’injonctions contradictoires.
Notre pays a besoin de logements et tout est fait en sens inverse.
Le coût de la construction a fortement augmenté, les normes RT 2020 accentuent ce phénomène, le coût du foncier va continuer à progresser avec la réduction des surfaces effectivement constructibles à travers le ZAN …
La réduction du nombre de logements effectivement disponibles à travers l’impossibilité de louer les passoires énergétiques sans avoir la certitude que les propriétaires concernés auront la possibilité de financer les travaux va peser sur le nombre de logements effectivement disponibles.
Parallèlement, le nombre de logements mis en construction diminue.
Le gouvernement a fait l’objet de remontées très vives des professionnels et les mesures annoncées laissent perplexe.
Il est proposé un assouplissement des conditions d’octroi des crédits immobiliers ce qui va jouer très à la marge compte tenu de l’augmentation des taux.
L’annonce du rachat de 30 000 logements par Action Logement vise à compléter un autre programme de rachat d’une filiale de la caisse dépôt et consignation.
L’idée est de racheter des fins de programme pour pouvoir les mettre à disposition.
L’extinction du dispositif Pinel au 1er janvier 2025 va certes mettre fin à une niche fiscale coûteuse pour l’État mais constitue un soutien assez fort à l’investissement dans les logements.
La mesure qui me paraît le plus bizarre concerne la restriction du prêt à taux zéro.
Celui-ci est recentré sur l’acquisition en zone tendue de logements neufs collectifs et en zone détendue de logements avec rénovation.
En résumé, le prêt à taux zéro ne sera plus applicable à la construction de pavillons.
Ce qui est en cause n’est peut-être pas tant la santé de la filière économique de la construction (même si elle est importante) mais de mesurer les conséquences dans le mode de vie de nos concitoyens. La forte limitation d’accès à la propriété et le fait de privilégier le logement en appartement dans les zones urbaines me semblent percuter l’aspiration de nombre de nos concitoyens à avoir un peu de liberté, un peu d’indépendance dans leur habitat.
La conciliation entre l’aspiration de nos concitoyens et les contraintes imposées par un mode de développement plus écologique est très loin d’être résolue à l’heure actuelle. Elle percute également la perception que chacun peut avoir de sa trajectoire de vie.
J’y vois un élément supplémentaire d’une perception de « déclassement ».
C’est un sujet éminemment politique.
Pour être un petit peu plus positif, j’approuve totalement dans les propositions faites par le gouvernement l’élargissement du bail réel solidaire.
Cette idée, de dissocier la propriété du foncier de la construction est une solution partielle pour diminuer les coûts ou plutôt la barrière à l’installation pour les jeunes ménages.