Solidarité autour de Gilles Crouzet

Les élus sont pris dans un cycle de violences. L’excès des mots devient la règle et les tentatives d’intimidation ne sont plus une exception.

Les tags sur la mairie de Montans et le domicile de notre ami Gilles Crouzet rejoignent ceux de Soual, Puylaurens ou Murat.

Si les élus sont en première ligne et « à portée d’engueulade », ils ne peuvent être « à portée de violences ».

Les réseaux sociaux ont désarmé les résistances de notre société en distillant l’immédiateté, l’absence de recul,  la caricature , l’outrance ou les fausses informations…

Plus personne ne fait par exemple la différence entre la mission d’un maire dans la défense des intérêts de ses concitoyens et celle du maire représentant de la République sur le territoire de sa commune.

Ce dernier rôle est classiquement celui du maire officier d’État civil ou d’autorité en matière d’urbanisme. La signature d’un permis de construire n’est pas un acte discrétionnaire d’un maire ou de son adjoint délégué, pas plus qu’un  jugement de sa part sur les personnes mais l’exercice d’une responsabilité qui lui est concédé par l’État et dicté par un ensemble de règles.

Concrètement, si un maire refuse de signer un permis de construire dont toutes les dispositions sont conformes, il engagerait la responsabilité de sa commune et ses concitoyens pourraient en être affectés à travers les dommages-intérêts prononcés.

Pour exprimer la volonté de dire stop, d’arrêter ce cycle d’imprécations et autres menaces, j’ai été heureusement  étonné  de voir le très grand nombre d’élus réunis devant la mairie de Montans lundi 15 mai autour de Gilles Crouzet en  peu de temps et avec une gravité inhabituelle. Ce dernier aspect m’a frappé en voyant les visages réunis pendant que j’intervenais en soutien et solidarité de notre collègue.

La démission du maire de Saint-Brévin après un début  d’incendie de sa maison a eu un très fort retentissement. Nous l’avons reçu et écouté en commission des lois du Sénat et avons été surpris que ses inquiétudes aient été autant sous-estimées. Vous pouvez retrouver ici un extrait et l’audition complète du maire de Saint-Brévin.

Chacun  s’est rendu compte que la situation décrite était « vraie », que les lignes rouges avaient été franchies, qu’il y avait une perte non pas simplement de repères, mais tout simplement de contrôle.

Une nation depuis le siècle des Lumières,  Rousseau et Montesquieu, est basée sur un contrat social. Tout contrat repose sur un cadre.

Contester la légitimité d’une décision à partir de son sentiment personnel placé au-dessus du point de vue collectif et des différentes étapes du processus démocratique est un vrai sujet.

C’est  le cœur de l’État de droit ou de notre démocratie.

Le « Je » doit accepter le « Nous ». 

Philippe Bonnecarrère