Egalim 3 : encore et toujours

J’ai l’impression que nous n’allons jamais nous en sortir. Les relations entre les producteurs, les industriels et la grande distribution sont épouvantables tout simplement en raison des oppositions d’intérêts et se cristallisent autour des négociations en début d’année.

Il est toujours extrêmement prétentieux pour la puissance publique de vouloir réguler des négociations entre entreprises privées soumises aux règles de l’économie.

L’idée que nos producteurs, en particulier nos agriculteurs pâtissent de ces négociations et peinent à obtenir le juste prix est tout à fait exacte.

C’est plus difficile à argumenter vis-à-vis de la grande distribution à l’égard des industriels et c’est surtout plus difficile à mettre en avant au moment où les consommateurs sont légitimement préoccupés par leur pouvoir d’achat.

Ces derniers sont très attentifs à la question des promotions et autres et probablement moins sensibles aux enjeux qualitatifs même si chacun peut le regretter.

Les avis sont très divergents pour évaluer l’apport des textes Egalim 1 et 2.

Lorsque j’évoque ceci avec le monde agricole, les agriculteurs m’indiquent qu’ils reconnaissent un avantage fondamental au nouveau système appelé « la marche en avant » c’est-à-dire l’idée que le prix est basé sur les composantes de charges ou de prix de revient des agriculteurs ce qui doit être de nature à éviter des prix de vente inférieurs au prix de revient.

À partir de là, le sujet est emporté par les tensions ou les passions avec notamment deux débats : l’un concentré sur le rapport de force dans la négociation avec le fait de savoir quel est le prix qui sera payé par les distributeurs à l’industriel en cas d’échec des dites négociations.

Est-ce qu’on revient au prix de l’année en cours, ce qui pourrait conduire suivant les industriels à devoir vendre pendant plusieurs mois à des prix inférieurs au prix de revient avec l’inflation récente. L’autre sujet concerne le fait de savoir si l’interdiction de la vente à perte des marchandises en tenant compte d’un taux de marge de 10 % est ou non de nature à protéger les industriels et les agriculteurs ou est-ce qu’au contraire il entraîne une augmentation de marge pour les distributeur et un transfert de la part des consommateurs qui n’auront pas bénéficié de promotions aussi vigoureuses qu’ils auraient pu l’espérer.

Nous avons essayé de trouver un équilibre sur ces sujets après un premier débat qui avait déjà été difficile devant l’Assemblée nationale. Je ne cache pas qu’il l’a été également au Sénat.

Compte tenu de la complexité du sujet, le plus simple est que je mette à votre disposition le bilan de l’examen à l’Assemblée nationale et au Sénat en attendant le fait de savoir si un accord pourra ou non intervenir en CMP.