Les mesures de soutien au pouvoir d’achat : privilégier le présent ou l’avenir ?

Nous savons tous que le pouvoir d’achat est la préoccupation numéro un des Français.

Elle s’est imposée avec le retour de l’inflation, les problèmes énergétiques, agricoles et les conséquences de la guerre en Ukraine, la désorganisation des chaînes de production pendant et après la pandémie.

Le Président de la République a pris un certain nombre d’engagements durant sa campagne. Les Français l’ont réélu et ont  approuvé ces mesures.

C’est tout le paradoxe français : nous attendons tout de l’État alors que l’État est impécunieux. Nous aurons  un problème.

Mes collègues et moi-même avons essayé de faire le point des mesures de soutien au pouvoir d’achat annoncées par le Président de la République au fur et à mesure de sa campagne et dont il nous est indiqué qu’elles figureront dans un projet de loi qui nous sera présenté avant les élections législatives mais qui ne pourra pas être voté avant le mois de juillet.

Vous trouverez ici le détail des mesures de soutien au pouvoir d’achat.

Vous verrez à la lecture de cette note qu’entre la prolongation du bouclier tarifaire pour le gaz, les remises par litre de carburant, un chèque alimentation, le retour à l’indexation  des minima sociaux et des retraites ou encore le relèvement du point d’indice dans la fonction publique en passant par la suppression de la redevance TV, nous aboutissons à des montants très importants.

Le gouvernement n’a pas donné de chiffrage. Un rapide calcul me laisse penser que le montant en année pleine sera supérieur à 50 milliards d’euros.

Aucune mesure d’économie ne sera à priori présentée et nous savons que la croissance est faible. Notre pays a 150 milliards d’euros de déficit annuel et va arriver très vite aux 3000 milliards de dette publique.

Toutes ces mesures seront votées, quelle que soit à mon sens la majorité. Qui pourrait s’opposer à des mesures de soutien du pouvoir d’achat ? Ce n’est jamais que le prolongement du « quoi qu’il en coûte ».

Comme chacun de vous,  j’écoute nos concitoyens et comprends que ces mesures aient été appréciées et soient attendues. Je peux comprendre également sur le plan de la théorie économique que l’on tire les conséquences de la sortie de crise de 2008 qui avait été un échec.

Mais entre la dénonciation des politiques d’austérité et le quoiqu’il en coûte, j’aurais espéré et espère toujours une forme d’équilibre.

Notre pays ne peut pas avoir une stratégie de dépense publique aussi marquée sans avoir élaboré parallèlement une trajectoire d’économies.

Toutes les mesures de soutien au pouvoir d’achat sont financées à 100 % par de la dette nouvelle. Jusqu’à quand les marchés accepteront de continuer à nous financer ? Jusqu’à quand la Banque Centrale Européenne garantira le système ?

Alors que les niveaux de taux d’intérêt ont augmenté et vont continuer à le faire et que chaque point d’intérêt représente à terme un coût annuel de 40 milliards d’euros, c’est à dire l’équivalent du budget de la défense, il ne me semble pas possible de continuer une fuite en avant et de se dire qu’on verra plus tard !

Nous savons par expérience que les mesures difficiles dans un quinquennat sont toujours prises au début. Après quelques mois pour ne pas dire quelques semaines, la légitimité s’étiole et il est difficile de réformer.

Là, nous avons un quinquennat qui va commencer par le « quoi qu’il en coûte ». Je ne vois pas bien comment il pourrait y avoir de retour en arrière et si tel était le cas les difficultés sociales seront importantes.

Il n’est jamais bon pour un homme public d’être l’annonciateur des mauvaises nouvelles. Je sais que  beaucoup pensent que la dette publique ne sera jamais remboursée ce que je ne crois pas. Mais à la limite, ce n’est pas le sujet ou du moins personne ne peut être catégorique. Ce que n’accepteront pas les marchés, c’est de n’avoir aucune visibilité sur la suite.

Pour ma part,  je crois que le futur projet «  pouvoir d’achat »  autrement dit « nouvelles dépenses publiques »  peut être envisagé même financé intégralement par l’emprunt à la condition qu’il y ait une stratégie de redressement des comptes publics présentée en parallèle.