Que cherche à faire Facebook avec son projet de crypto-monnaie Libra ?

Facebook a annoncé officiellement le lancement, prévu d’ici à la mi-2020, d’une nouvelle crypto-monnaie mondiale, baptisée Libra. Facebook qui compte sur sa plateforme 2,3 milliards de membres (dont 35 millions en France) vient en effet de créer une filiale Calibra, en Suisse, une association destinée à développer le libra, une devise numérique. Explications. 

 

Que sera-t-il possible de faire avec Libra?

Avec une carte d’identité, il sera possible à toute personne possédant un smartphone d’acheter des libras en ligne avec tout type de devise . Mais aussi en liquide, dans des points de vente physiques.

Une application de paiement propre Calibra va être lancée et sera disponible dans l’App Store et Google Play et les utilisateurs pourront utiliser Calibra directement à partir des applications WhatsApp et Messenger de Facebook. Facebook annonce qu’« envoyer et recevoir de l’argent sera aussi facile que d’envoyer un message à vos proches ou à des commerces. »

Les utilisateurs pourront utiliser Libra pour « payer des transactions au quotidien. Au fil du temps, nous espérons ajouter d’autres services pour les gens et les entreprises, comme payer des factures en appuyant sur un bouton, régler un café en scannant un code, ou prendre les transports en commun sans avoir de liquide ou de titre de transport sur soi », explique Facebook.

Le défi de la démocratisation de la monnaie

Pour Facebook, le but est simple, rendre l’argent plus accessible à tous: permettre aux 1,7 milliards d’humains qui ne disposent pas d’accès à une banque, mais qui ont un smartphone d’accéder aux services financiers.  « Avec Calibra, nous espérons démocratiser l’accès aux services financiers, » explique Facebook.

Dans un communiqué, Facebook rappelle que près de la moitié des adultes dans le monde n’a pas de compte bancaire actif, et ce chiffre est encore plus important dans les pays en développement et pour les femmes.

Facebook chiffre le coût de cette exclusion : environ « 70 % des petites entreprises opérant dans des pays en développement n’ont pas accès au crédit, et 25 milliards de dollars sont perdus chaque année en raison des frais de transfert de fonds liés aux migrants. »

Quelle gouvernance de Libra ?

Si Libra a été développée au sein de Facebook par David Marcus qui a déjà présidé des initiatives comme Facebook Messenger ou Paypal,  c’est un organisme à part qui sera chargé, dès 20202, d’en gérer la stabilité et la gouvernance.

La Libra Association, une organisation à but non lucratif, basée à Genève, rassemble aujourd’hui 28 membres, parmi lesquels des entreprises comme Mastercard, Visa, PayPal, Uber, Booking, eBay, Vodafone ou encore Iliad (dont le patron est Xavier Niel). 

A l’ordre du jour des travaux du G7

Ce projet de crypto-actif Libra suscite de nombreuses préoccupations de la part des ministres et des banquiers centraux.

Le Ministre de l’Economie et ds Finances, Bruno Le Maire n’a pas caché ses réserves : “L’attribut de la souveraineté des États doit rester aux mains des États, et pas des entreprises privées, qui répondent à des intérêts privés. Que Facebook crée sa propre monnaie, un instrument de transaction, pourquoi pas. En revanche, il est hors de question qu’elle devienne une monnaie souveraine », a-t-il affirmé.

Pour examiner tous ces points, une task force d’étude présidée par Benoît Coeuré, l’un des directeurs de la Banque centrale européenne a été créée au sein du G7 que la France préside cette année.

Ce groupe de travail a remis un premier rapport sur le sujet lors de la réunion des ministres des Finances du G7 prévue les 17 et 18 juillet en France, avant un rapport définitif d’ici le mois d’octobre.

De son côté, le Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau prévient : « Si le projet veut aller au-delà des paiements, offrir des services bancaires (des dépôts, des placements financiers, des crédits…), alors il devra être régulé comme une banque, avec une licence bancaire dans tous les pays où il opérera. Sinon, il serait illégal. »

Accédez à l’entretien avec le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau : « Le libra de Facebook devra respecter les règles des banques centrales »