« Shadow banking » : quelle réalité ?

L’expression « shadow banking » se traduit par « finance de l’ombre » ou « système financier parallèle ». De quoi s’agit-il ? Pourquoi ? Combien ? Quelles réponses ? Mon collègue François Marc (Finistère) nous a éclairé sur le sujet, à l’occasion de la présentation de son rapport d’information devant notre commission des Affaires européennes, jeudi 12 mai 2016.

De quoi s’agit-il ?

De tout ce qui participe au financement de l’économie sans relever de l’activité bancaire « stricto sensu ». Cela ne veut pas dire illégal, pas plus qu’off-shore. Cela concerne les fonds monétaires qui achètent des titres de créances à court terme émis par les acteurs économiques, dont les banques, les fonds d’investissements qui lèvent des capitaux ou de la dette pour financer prêts ou participations.

Les prêts-emprunts de titres (financements gagés par des remises temporaires de titres) la titrisation (achat de stocks de prêts) en sont d’autres exemples.

Les obligations émises par les entreprises ou le crédit fournisseur entre les entreprises elles-mêmes existent depuis longtemps.

Combien ?

L’estimation mondiale serait de 80 000 milliards de dollars pour 2014. Pour la France, le chiffre serait de 1 144 milliard d’euros, soit 55 % du PIB ou encore 15 % des actifs du secteur bancaire.

Pourquoi ?

Certes, « l’innovation financière » constitue un ressort du « shadow banking ». Mais il y aussi l’effet de la réglementation : plus les banques sont surveillées, régulées, plus les dépôts sont garantis, plus la finance parallèle se développe. Les banques, les gestionnaires d’actifs mais surtout les assureurs vie (le plus gros volume d’épargne en France) ont habitué leurs clients à des rendements de 3 à 4 % annuels, or les taux d’intérêt sont aujourd’hui minimes grâce aux banques centrales qui injectent le maximum de liquidités.

La tentation est donc d’aller chercher des rendements plus élevés en dehors du système bancaire classique.

Quelles réponses ?

Le risque est bien entendu celui de la formation de « bulles » avec des recours excessifs à l’endettement et une instabilité financière.

Il existe au niveau Européen, aux côtés de la Banque Centrale Européenne (BCE), un Conseil de stabilité financière, chargé de développer à la fois des outils statistiques mais aussi de surveillance et d’analyse des risques. Mon collègue François Marc suggère que l’Union Européenne adopte une règlementation des fonds monétaires.

Le principe de réalité joue ici comme dans beaucoup d’autres domaines. Ici comme ailleurs, les réponses sont plus Européennes que Nationales. La liberté, les outils, doivent être accompagnés d’une régulation.

Notre commission des Affaires Européennes a synthétisé ses recommandations dans un « avis politique ».

Consulter le rapport de mon collègue

Consulter l’avis politique de la commission des Affaires européennes