Tous le répètent : 2026 sera une année cruciale pour les finances de notre pays … mais peu proposent.
Est-ce que notre déficit actuel est tenable ? Chacun sait que la réponse est négative. Le FMI nous a adressé une mise en garde très claire : « Sans l’adoption de mesures additionnelles significatives, le déficit resterait autour de 6% et la dette publique continuerait d’augmenter jusqu’en 2030 ».
Le gouverneur de la Banque de France explique que si l’on veut ramener le déficit public à 3% d’ici 2029 et stabiliser notre endettement, il faudrait a minima stabiliser la dépense publique en volume, c’est-à-dire l’ajuster à la seule évolution de l’inflation. Ce n’est pas aussi déraisonnable que cela.
L’objectif de 40 milliards d’euros d’économies pour 2026 permettant de ramener les déficits à 4.6% du PIB est présenté comme « notre Himalaya » par le Premier ministre.
Pour relativiser ce chiffre, je rappellerai que l’ensemble de la dépense publique atteint en France 57.1% de notre PIB, c’est-à-dire 1 670 milliards d’euros.
Cela veut dire que nous ne serions pas très loin des 40 milliards d’euros d’économies (2 points d’inflation x 1670) si notre pays stabilisait ses dépenses publiques en 2026 au niveau de 2025. L’idée d’une année blanche ou proche n’est pas absurde.
Rappelons aussi que nos dépenses publiques sont supérieures de 9 points de PIB à celles de nos voisins soit un écart de 260 milliards d’euros. Il suffirait de réduire cet écart de moitié soit 130 milliards d’euros pour combler sinon le déficit de la Sécurité sociale, du moins le déficit de l’État.
La situation va finir par être hors de contrôle. Si l’on compare les dépenses de l’État en 2019, c’est-à-dire juste avant le COVID, avec celles de 2025, elles ont augmenté de 90 milliards d’euros soit une progression de 26.7 % alors que l’inflation n’était que de 10%. La dérive est de 10%.
Est-ce que la solution peut venir de la fiscalité ? Je laisse apprécier chacun mais notre niveau d’imposition est le plus élevé d’Europe, ce qui ne nous laisse pas beaucoup de marge de manœuvre.
Je ne vois par contre qu’avantage à ce que l’on réexamine les fameuses niches fiscales soit à l’heure présente 467 dispositifs pour un manque à gagner de 85 milliards d’euros.
Le plus délicat à l’heure présente, au moins en termes de tendance, est le déficit de la Sécurité Sociale qui loin de se réduire va en augmentant soit 15 milliards d’euros pour 2025.
Très clairement les dépenses du Ségur de la santé n’ont pas été financées.
L’exercice trouve maintenant ses limites puisque le déficit de la Sécurité Sociale a longtemps été couvert par la CADES inventée en 1996. Il s’agissait déjà à l’époque de financer le déficit de la Sécurité Sociale par une cotisation spéciale la CRDS ainsi qu’une partie de la CSG affectées à la fameuse CADES pour apurer le déficit de la sécurité sociale.
Ce déficit devait être apuré en 2009, nous en sommes maintenant à examiner la prolongation de la CADES au-delà des années 2030 …
Même si la tâche n’est pas populaire, je considère que l’amélioration de la situation budgétaire de notre pays est la priorité numéro un du gouvernement et doit l’être aussi pour le Parlement.
Je ne verrai personnellement qu’avantage à ce que les mesures permettant de retrouver dans la durée un équilibre budgétaire soient soumises à l’appréciation de nos concitoyens par voie de référendum.
Philippe Bonnecarrère