Télétravail : et après ?

La crise du coronavirus et le confinement généralisé ont permis à des millions de français d’expérimenter quotidiennement le télétravail. Entre risques et opportunités, le télétravail va-t-il durablement s’ancrer dans nos pratiques professionnelles et bouleverser les bassins de vie et d’emploi ?

Le groupe d’assurance santé et prévoyance Malakoff Humanis a mené une étude sur le télétravail en période de confinement, publiée par Le Parisien. Selon un sondage Internet réalisé par le CSA auprès de 1010 salariés du secteur privé d’au moins 10 salariés entre les 15 et 20 avril, près de quatre Français sur dix (39 %) télétravaillent depuis le début du confinement, dont 62 % sur la totalité du temps d’activité. Pour un télétravailleur sur deux, c’est là une toute nouvelle expérience.

Pour ce qui est du lieu d’exercice, l’étude révèle que 92 % des télétravailleurs confinés exercent depuis leur résidence principale, dont la moitié dans une maison. 46 % vivent en couple avec enfant(s). Ils travaillent majoritairement dans le secteur des services (45 %) et dans une entreprise de plus de 250 salariés (65 %).

Le télétravail séduit en grande partie

Moins de temps perdu à se déplacer matin et soir, dans les transports ou en voiture, moins de fatigue due à ces déplacements, une concentration accrue dans le travail avec moins de distractions ou d’interruptions intempestives, une plus grande flexibilité et une meilleure autonomie… Nombreux sont les avantages relevés par les télétravailleurs.

Selon cette étude, 73% des télétravailleurs interrogés (et 58% des nouveaux télétravailleurs) souhaitent demander à pratiquer le télétravail après le confinement de manière régulière (pour 32%) ou ponctuelle (41%).

D’ailleurs, 35% des salariés (contre 16% seulement après les mouvements sociaux de décembre 2019 et janvier 2020) pensent que cette période de télétravail en confinement va modifier la position de leur entreprise vis-à-vis du télétravail.

Des bémols à prendre en considération

Toutefois, plus de la moitié des télétravailleurs (54%) disent ne pas avoir bénéficié d’un accompagnement suffisant.

Autre point négatif, 43% déclarent ne pas disposer d’un espace de travail adapté et 48% être confrontés à des difficultés techniques. 

Des limites se font aussi sentir du côté du bien-être au travail. 30 % des télétravailleurs trouvent que leur santé psychologique s’est dégradée. Parmi ces derniers, quatre sur dix ont du mal à articuler temps de vie professionnelle et personnelle.

Près de la moitié (47 %) confie avoir du mal à travailler tout en s’occupant des enfants.

Autre constat négatif : le télétravail sans limite peut-être dévastateur. 45% considèrent que déconnecter du travail dans ces conditions est « difficile ».

En ce qui concerne la santé physique, 27 % des sondés constatant une déterioriation. « La moitié d’entre-eux (49 %) déclarent avoir réduit leur pratique sportive alors que le travail expose à longueur de journée à des postures peu adaptées ».

Le télétravail : une aubaine pour les territoires ruraux ?

Cette parenthèse offerte par le télétravail pousse certains à repenser leurs modes de vie. Pourquoi vivre dans un petit appartement parisien alors qu’on pourrait vivre dans une grande maison à la campagne tout en gardant son poste et travaillant à distance ?

Cette période inédite va supposément inciter certaines familles à changer de vie ou de lieux de vie.

« La ville n’a plus le monopole du talent.

Nous avons profité du confinement pour commencer à “télérecruter”, c’est-à-dire recruter des gens à distance, sans les rencontrer physiquement. Nous avons recruté un Français de 34 ans qui habite en Bretagne, et un Serbe de 37 ans qui habite en Serbie. Le télétravail permet donc d’accéder à des candidats de haut niveau, tout en réduisant les coûts, qui leur permet à eux de vivre où bon leur semble, près de leurs parents, près de la nature, etc.

Cela permet a priori de rapatrier depuis Paris du pouvoir d’achat vers les provinces et régions autrement désertées, et donc de faire fleurir le commerce local

Témoignage extrait de la newsletter tarnaise des Monts de Lacaune