Interview de notre collègue Robert Bousquet

Née le 1er janvier 2017, la nouvelle Communauté de Communes des Monts de Lacaune et de la Montagne du Haut Languedoc rassemble 8.004 habitants et 19 communes réparties entre le Tarn et l’Hérault.

Son Président, M. Robert Bousquet, a aimablement accepté de se prêter à l’exercice d’une interview pour revenir sur le contexte de la fusion et nous dresser un portrait du travail commun d’harmonisation accompli jusqu’ici.

M. le Président, dans quel contexte s’est opéré le rapprochement entre la Communauté de Communes de la Montagne du Haut Languedoc et celle des Monts de Lacaune ?

R.B. : Dans le cadre de la révision des SDCI du Tarn et de l’Hérault, la Communauté de Communes de la Montagne du Haut Languedoc (CCMHL) avait l’obligation de se regrouper car elle rassemblait environ 3 000 habitants. En septembre 2015, juste après  la parution de la loi NOTRE, le Conseil communautaire a étudié les possibilités dévolution du périmètre de l’intercommunalité et s’est prononcé pour un regroupement avec les Monts de Lacaune.

La Communauté de Communes des Monts de Lacaune, avec un peu plus de 5 000 habitants aurait pu demander une dérogation au titre de la montagne mais elle a choisi de se regrouper avec la Montagne du Haut Languedoc  au vu des nombreux points communs entre les 2 territoires.

Quels étaient ces points communs  ?

R.B. : Nous partageons une cohérence géographique, nos territoires étant en totalité en zone de montagne et rassemblant les points culminants du Tarn et de l’Hérault.

Les échanges entre nos territoires étaient déjà nombreux : le collège de Lacaune accueille les enfants des 2 communautés de communes, commerces, trajets domicile/travail, club de rugby fusionné entre Lacaune et Salvetat.

Nous partageons également les mêmes orientations en matière d’activité économique : un volet agroalimentaire dominé la charcuterie, l’eau (Salvetat, Mont Roucous), les bières (Nages, Lamontélarié) ; Une agriculture centrée sur l’élevage (ovins lait Roquefort, bovins viande) ; L’accent sur le tourisme vert (réseau touristique qui rassemblait les OTSI des 2 Communautés depuis 15 ans) avec un potentiel de 5.400 lits marchands et 4.000 résidences secondaires ; Une filière bois à fort potentiel ; Enfin une vision commune en matière d’énergies renouvelables avec 4 barrages hydroélectriques, 85 éoliennes.

Quelle a été la méthode de travail retenue ?

R.B. : Dès la fin de l’année 2015, les réunions de travail débutées entre les 2 présidents et les 2 directrices avaient deux objectifs principaux : apprendre à mieux se connaître au travers de premiers échanges sur les compétences et les moyens (humains, financiers, techniques) en comprenant les manières de travailler des uns et des autres, ensuite en nous mettant d’accord sur une méthodologie et un calendrier pour aborder la fusion.

Ensuite, en mai 2016, une première réunion rassemblant l’ensemble des maires a permis de présenter les caractéristiques des deux intercommunalités (compétences, budgets, moyens humains et techniques) et de proposer une méthode pour la suite.

Il s’en est suivi la mise en place de 3 groupes de travail : compétences, finances et gouvernance. Rassemblant les maires, ces groupes se sont réunis 7 fois de juin à décembre.

Pourriez-vous nous détailler la méthodologie retenue en matière de compétences ?

R.B. : Il s’agissait en premier lieu de définir les priorités d’harmonisation dans le temps (à court, moyen et long terme) et de nous accorder sur la compétence en elle-même ou la manière de l’exercer (régie, prestation, tarifs, …).

Un gros travail a ensuite eu lieu pour définir les compétences prioritaires à harmoniser : la voirie (avec l’extension de l’intérêt communautaire), les déchets (intégration au syndicat mixte TRIFYL, extension de services en lien avec les encombrants, les cartons pour les commerçants, …), le tourisme (avec la création d’un office de tourisme communautaire en régie à partir des structures existantes), l’électrification et l’éclairage public.

Les compétences issues de la fusion respectent la nouvelle définition des compétences optionnelles et de la « DGF bonifiée ».

Avez-vous rencontré avec vos collègues des difficultés particulières sur les sujets fiscaux et, plus largement, budgétaires ?  

R.B. : L’harmonisation fiscale n’a pas posé de véritables difficultés en raison d’écarts très faibles préexistants entre nos deux anciennes communautés, qui partageaient déjà beaucoup de points communs :  une structure des recettes assez proche, une bonne santé financière avec un endettement faible (1,5 à 2,5 ans de capacité de désendettement) et une bonne capacité d’autofinancement (1,7 millions d’euros en 2015).

Comment s’organise la gouvernance de la nouvelle Communauté de Communes ?

R.B. : Notre conseil communautaire comprend 35 membres, en application du droit commun auquel il n’était pas possible de déroger. Le Bureau est quant à lui composé de 19 membres (un par commune) avec un Président et 10 Vice-présidents.

Les bureaux seront tournants et permettront d’aller dans chaque commune. Nous avons également mis en place des commissions thématiques associant les conseillers municipaux.

Pourriez-vous nous dire quelques mots des moyens humains et techniques dont dispose votre nouvelle Communauté ?

R.B. : Les équipes de deux communautés de communes, qui rassemblent 93 agents, étaient déjà très complémentaires.

Le nouvel organigramme a été construit par les 2 présidents et les 2 directrices durant l’été 2016 selon les principes suivants : modifier le moins possible les lieux de travail des agents, conserver une « base » à Lacaune (bureaux administratifs) et à La Salvetat-sur-Agoût (bureaux administratifs et atelier services techniques), recentrer dans la mesure du possible les agents sur leur cœur de métier ou leurs compétences principales, échanger au préalable avec les agents dont les missions sont fortement modifiées.

Il nous paraissait également important de rester « souples » pour ne pas alourdir inutilement le fonctionnement des services et de nous inscrire dans une pensée évolutive dans l’optique des harmonisations futures et des nouvelles compétences à intégrer.

La mise en commun des ressources humaines a-t-elle nécessité des ajustements informatiques ?

R.B. : Tout à fait. L’organisation technique, et notamment informatique, a également été repensée pour avoir des outils communs de travail et permettre un échange d’information rapide entre tous les sites (2 antennes administratives mais également de nombreux sites distants dont les ateliers techniques, les 7 bureaux d’information touristique, la maison de retraite, piscine, …).

Le déploiement de l’infrastructure technique a commencé en décembre et est en phase de finalisation. C’est par exemple le cas du réseau téléphonique interne.

En parallèle, des sessions de formation ont été organisées pendant le mois de janvier et le technicien informatique réalise en ce moment un suivi personnalisé des utilisateurs.

Que souhaiteriez-vous dire pour le « mot de la fin » ?

R.B. : Je suis très satisfait de la manière dont s’est déroulée la préparation de la fusion. Nous avons conduit ces travaux avec un esprit d’ouverture en associant et en fédérant l’ensemble des élus qui ont tous un fort attachement à notre territoire.

Beaucoup de travail reste à faire et des ajustements sont encore nécessaires mais je souhaite poursuivre sur la même lancée avec une participation active de tous, élus et agents.

Je suis très confiant dans l’avenir de cette intercommunalité. Notre territoire de montagne possède de solides atouts. À nous de les valoriser pour continuer à améliorer la qualité de vie des habitants et à consolider notre tissu économique et notre attractivité touristique.

En savoir plus sur Philippe Bonnecarrère, Député du Tarn

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