Quel groupe avez-vous rejoint à l’Assemblée nationale ?
Lors de la campagne je m’étais engagé à conserver mon indépendance. Je siège comme non-inscrit. Nous sommes 9 députés non-inscrits. J’ai respecté l’engagement pris devant vous.
Dans quelle commission siégez-vous ?
Après dix années passées à la vice- présidence de la commission des lois du Sénat, j’ai rejoint à l’Assemblée la commission de la Défense. Par curiosité personnelle liée à ma formation d’officier de réserve, mais surtout au regard des enjeux géopolitiques. Les enjeux de défense, de sécurité de notre pays sont omniprésents. J’ai travaillé avec beaucoup d’intérêt sur tout ces sujets en liaison directe avec le 8ème RPIMA. Depuis le 1er octobre 2025, j’ai rejoint la commission des lois ce qui me permet de travailler sur les sujets régaliens, au cœur de mon expertise.
Pouvez-vous préciser le rôle du député?
Il est local et national. Local en ce sens que tout part du terrain, des échanges avec nos concitoyens, des projets du territoire. National en ce sens qu’un député agit en commission et en séance, vote les lois, contrôle l’action du gouvernement, l’interpelle par des questions écrites ou écrites, participe à des missions d’information ou à des commissions d’enquête en apportant son expérience et son expertise. Un député n’est pas un mouton de Panurge dont le rôle serait de cliquer l sur un bouton de vote sur le mot d’ordre d’un chef ou de la cheffe, mais sa mission est de peser et de contribuer à des solutions. Il n’a échappé à personne que j’intervenais dans les débats les plus importants comme sur les déclarations de confiance ou les motions de censures. Autant chacun avait compris que le budget 2025 qu’il irait à un 49-3, autant les débats sur le budget 2026 seraient vifs et je serai largement mobilisé dans l’agenda tout le dernier trimestre 2025.
Un référendum serait-il la solution à nos problèmes ?
Le Président de la République a souvent promis un référendum sans dire sur quoi.
Le référendum a mauvaise réputation dans notre Histoire puisque les Français ont choisi à deux reprises un empereur ! par des référendums dits plébiscitaires.
Dans la période récente nous avons répondu, non pas sur la question posée, mais sur la personne qui proposait le référendum.
Deux types de référendums existent dans notre Constitution. Le référendum de l’article 11 donne au peuple la faculté d’adopter ou de rejeter un projet de loi mais sans toucher à la constitution. Il peut s’agir de dispositions sociales, économiques, ou touchant aux affaires étrangères ou encore du RIP (initiative partagée) mais aucun n’a pu aboutir à ce jour.
La deuxième modalité est celle de l’article 89 où la Constitution est modifiée après un vote dans les mêmes termes de l’Assemblée nationale et du Sénat, puis une adoption soit par le Parlement en congrès à une majorité des trois cinquièmes, soit par les Français à travers le référendum.
Un référendum peut être utile. Je ne crois pas que nos institutions soient en cause. Nous avons plutôt une crise de l’action politique, elle-même reflet d’une crise sociétale.
Et la proportionnelle ?
L’Assemblée n’a pas de majorité et notre pays n’a pas la culture du compromis. Que faire ?
Beaucoup pensent à un changement de mode de scrutin et à l’adoption de la proportionnelle.
Chacun, conscient dès le départ qu’il n’aura pas de majorité, serait conduit à intégrer dans sa démarche la nécessité de conclure des accords.
Certes, changer le mode de scrutin est possible. Le général de Gaulle et Michel Debré n’avaient pas voulu constitutionnaliser le mode d’élection des députés.
Il peut être changé à la majorité simple. J’avoue mon scepticisme.
D’une part, je crois que le mal – l’individualisme et que le fait que chacun de nous soit devenu une société à lui seul avec sa propre grille d’informations, d’analyses – est profond.
Il n’est pas simplement au Parlement mais dans l’ensemble de la société.
Il n’y a pas une ou deux opinions mais une multitude.
Ce n’est pas une tripartition comme on le dit souvent mais un archipel, chacun étant de plus en plus ancré dans son appréciation par la consultation de réseaux sociaux qui le confirment dans ses convictions. L’échange et la confrontation des points de vue ne sont plus l’habitude et j’en suis témoin tous les jours dans l’hémicycle.
La difficulté de nouer des accords n’est pas liée au mode électoral.
D’autre part, ce serait sans compter avec l’obsession présidentielle. Même avec la proportionnelle, nous serons vite rattrapés par les objectifs des Présidentiables ce qui dissuadera les groupes de passer un accord avec celui qui sera demain un concurrent.
Enfin, si un jour, le choix allait à la proportionnelle, il en existe de nombreux modèles. La proportionnelle départementale s’imposerait à mon sens en ce qu’elle éviterait de redécouper toutes les circonscriptions.
Il n’est en effet pas possible de créer une liste supplémentaire de députés élus par exemple sur une liste nationale à la proportionnelle.
En effet, l’article 24 de notre Constitution prévoit depuis la révision de 2008 que l’Assemblée nationale comprend 577 députés au plus et le Sénat 348 sénateurs au plus.